« Un grand feu dans le cimetière, hachurant la lumière sur la cavité d'un vieux pin. Des pierres tombales reflétant la lumière tamisée du feu. Les hommes, assis autour du feu, discutant calmement. Les femmes, après avoir prié un temps, sont déjà parties. Si on leur demandait: pourquoi restez-vous ainsi? A quoi pensez-vous? Ils pourraient répondre: nous devons nous imprégner de cet endroit. Nous pourrions revenir bientôt et y rester pour l'éternité...
Dix nuits pas an – entre le premier et le dix novembre – le feu est allumé au milieu du cimetière. Il attire la population qui prie, discute, absorbe sa quiétude. Quelques fois pour une heure, d'autres fois même deux. »
De quel siècle et pays cette description est-elle tirée? De nos jours en Lituanie! C'est la manière dont les habitants de Margionys passent leurs soirées pendant la période de la Toussaint. C'est peut-être un secret du village? Peut-être ne devrions-nous pas le révéler? Ou peut-être devrions-nous, au contraire, parler de ce lien si spécial entre les vivants de Margionys et ceux qui sont déjà partis et ne reviendront jamais? Mais, s'il vous plait, soyez patient... Ne vous empressez pas d'inscrire ce rituel dans les livres d'ethnographie. Laissez cette tradition du passé vivre encore...
Le directeur du « théâtre de la grange » repose au cimetière de Margionys. Le « théâtre de la grange » est renommé du fait de son ancienneté. Il a longtemps été au coeur de la vie culturelle du village et joue, encore aujourd'hui, un rôle majeur pour la préservation de la tradition.
Ce texte a été inspiré d'une publication sur le Parc National Dzūkija: "Kapiniškiai. Rudnia. Dubininkas", Marcinkonys, 2005.